http://www.journaldemontreal.com/2016/11/05/le-canada-condamne-lislamophobie
Les gestes islamophobes sont en croissance partout au pays, mais le Forum musulman canadien refuse de baisser les bras et se réjouit de la motion adoptée pour contrer l’islamophobie.
Vendredi soir, plus de 400 personnes étaient présentes au 9e Banquet de l’organisme du Forum musulman canadien. Parmi les invités on comptait des députés, maires, policiers, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard et plusieurs activistes. «Il y a tellement de politiciens dans la salle, qu’on pourrait régler plusieurs dossiers», a dit à la blague le chef Picard.
Soutenir la communauté musulmane et prouver leur sincérité de leur démarche pour freiner les crimes à caractère haineux étaient les principales raisons de leur présence.
Première mondiale
Le 26 octobre dernier, une motion pour contrer l’islamophobie a été adoptée à l’unanimité. Selon la porte-parole du Forum musulman canadien, Samah Jebbari, l’adoption par des leaders parlementaires d’une motion pour contrer l’islamophobie serait une première mondiale.
Cette motion tarde depuis 2010, alors que le député bloquiste Réal Nadeau l’avait proposée. Refusée à l’époque, elle a été soumise à nouveau au début du mois d’octobre dernier par le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair. Premièrement refusée par les Conservateurs, puis adoptée à l’unanimité le 26 octobre, après les saccages commis à la mosquée de Sept-Îles.
Pour Mulcair, toute forme de racisme ou de discrimination n’a pas sa place dans un pays comme le Canada. Né dans une famille catholique pratiquante, le respect de toutes les religions était de mise. «J’ai été moi-même élevé avec ces propres valeurs et nous avons élevé nos enfants avec ces mêmes valeurs» a dit le chef du NPD.
Éducation
Pour Samah Jebbari, la haine véhiculée par les islamophobes est alimentée par le manque d’éducation et l’ignorance.
Elle raconte que lors des attentats qui sont survenus à Paris, une enseignante avait discuté avec ses élèves. Pendant cette discussion un garçon s’était retourné et avait dit à une petite fille musulmane: «Hey toi, retourne chez toi !» Pour la jeune fille, retourner chez elle signifiait retourner dans sa maison au Québec et non dans le pays d’origine de ses parents, car elle est née ici. «C’est un exemple d’intolérance dont la victime est un enfant qui ne connaît rien de rien», a souligné madame Jebbari.
Derrière l’écran
Les médias sociaux faciliteraient également à propager la haine. «Avant l’arrivée des médias sociaux, vous n’auriez jamais vu une quinzaine de personnes sur un coin de rue parler contre un groupe ethnique, maintenant on peut facilement retrouver ce même groupe sur les réseaux sociaux», a conclu le chef du NPD, Thomas Mulcair.